[Bonnes pratiques] Gaspard Fourchette passe à la sociocratie

Depuis plus d’un an Gaspard Fourchette, marque commerciale du groupement Bretagne Viande Bio, a mis en place un nouveau système de gouvernance : la sociocratie.

Par opposition à l’autocratie où le pouvoir est concentré dans les mains d’une seule et même personne, la sociocratie invite à partager ce pouvoir. Tout le monde peut alors s’exprimer sur un même pied d’égalité. Ce processus se met en place petit à petit avec l’aide de consultants qui apportent conseils et méthodes.

Interview de Delphine Koffi, salariée du groupe...

Qu’est-ce qui vous a poussé à passer à une gouvernance sociocrate ?
Nous souhaitions une pérennité et un renforcement du pilotage de la structure reposant sur plusieurs personnes connaissant et maîtrisant le contexte nécessaire à la prise de décisions.

Nous recherchions aussi des solutions dans l’organisation de réunion afin d’être efficace. La sociocratie répond à plusieurs problèmes auxquels nous faisons face : pouvoir donner la parole à chacun et ne pas se couper ou interrompre quelqu’un lors des prise de paroles.
Enfin nous voulions un confort de travail dans le but d’avoir une vision plus claire des actions à mettre en place au sein de l’équipe.

Groupes d’échanges, Assemblée Générale de BVB

Pouvez-vous détailler votre passage de la gouvernance classique à la sociocratie ?
Nous avons fait appel à une professionnelle de la mise en place de la sociocratie dans diverses structures. Elle a ainsi formé les administrateurs, la directrice de BVB et les délégués des salariés. Les formations portaient par exemple sur les méthodes de travail, sur les élections sans candidat.

Nous avons également recouru à la société Oxymore qui accompagne les acteurs et les entreprises de l’économie sociale afin de réfléchir à leur gouvernance et leur projet politique. Cette entreprise nous a accompagné dans la construction d’un schéma de fonctionnement adapté aux besoins de notre structure. Ceci tout en respectant le choix de pouvoir non-centralisé et de prises de décisions distribuées.

Nous avons instauré simultanément un directoire et un conseil de surveillance. Le premier pour être réactif sur des décisions à court terme avec la mise en place de moyens pour répondre aux besoins quotidiens, le second pour le choix et le respect des orientations.

Quels sont les retours dans l’équipe par rapport à ce système, qu’en pensent-ils ?
C’est un système qui demande beaucoup de temps ! À la fois pour intégrer et se conformer à la méthodologie (pour ne pas reprendre d’anciennes habitudes) et pour arriver à un résultat.

Ce système correspond à l’élaboration de projets politiques. Mais il est plus difficile à appliquer dans le cadre de décisions commerciales qui demandent parfois d’être plus réactif.

Quels apports tirez-vous de la sociocratie ?
Nous retenons d’abord le renforcement des liens dans l’équipe, entre salariés, mais également entre administrateurs. Ensuite nous retenons les consentements qui évitent d’être trop souvent confronté à des retours en arrière sur des décisions passées. Les tours de tables permettent de lever les objections, de faire évoluer dans l’échange les premières prises de position. La décision est validée après plusieurs étapes : 1.concertation, 2.apports complémentaires, 3.compromis, 4.acceptation “Je peux vivre avec”.

La sociocratie est-elle appliquée tout le temps, pour toutes les décisions ?
Elle s’adapte bien à certains thèmes (comme les projets politiques) mais elle demande de disposer d’un temps d’échange et de construction. Ainsi pour tout ce qui concerne l’opérationnel avec des échéances très courtes, cela reste compliqué à mettre en place.